Serge Marquis : Sens et Reconnaissance au travail

Lors de la conférence sur le sens et la reconnaissance que Serge Marquis a faite le 11 mai 2017 à l’occasion de la Fabrique du Changement, une citation m’a particulièrement touchée et marquée : « Nous sommes passés d’une société qui aime les personnes et qui utilise les choses, à une société qui aime les choses et qui utilise les personnes ». De ce douloureux constat, Serge Marquis fait le lien avec la reconnaissance au travail et l’estime de soi. « Comment une personne peut-elle se sentir reconnue et valorisée quand on la considère  comme un outil, un outil qu’on utilise pour faire un travail donné ? On ne voit plus la personne humaine derrière la tâche, on ne voit que l’outil au travail » 

La routine et l’usure forment un piège qui nous fait perdre de vue le sens de notre travail. C’est par la reconnaissance et l’attention portée sur le moment présent que nous pouvons nous libérer de ce piège et retrouver ainsi l’envie et la motivation.

 

De quel type de reconnaissance avons nous le plus besoin ?

Certes, la reconnaissance des résultats et de l’atteinte des objectifs est importante, mais celle des efforts et des actes mis en oeuvre pour les atteindre l’est encore plus. Etre reconnu dans tout ce que nous avons pu mettre en place pour contribuer au collectif, dans tous les efforts que nous avons fournis et ce, même si le résultat n’est que partiellement atteint, permet au salarié de se sentir utile et contribue à son estime de soi. Serge Marquis, cite d’ailleurs deux piliers constitutifs de l’estime de soi : « se sentir capable de » et « se sentir aimable pour ce que je suis ».

La reconnaissance formelle et organisée en entreprise est importante, mais pour qu’elle soit crédible, elle doit être accompagnée d’une reconnaissance informelle. Qu’est ce que la reconnaissance formelle et organisée ? C’est celle que l’on reçoit lors d’un passage à un nouveau grade, lors d’une énième année de service dans une même entreprise, lors de la remise d’une médaille du travail ou lors d’un pot de départ. Justement, quel dommage d’attendre le pot de départ d’une personne pour lui renvoyer de la reconnaissance, pour lui dire combien nous avons apprécié travailler avec elle, pour faire un hommage à son travail, à tout ce qu’elle a apporté au collectif… Serge Marquis fait même le parallèle avec nos funérailles en disant « Là où l’on a le plus de reconnaissance c’est le jour de nos funérailles, mais nous ne sommes plus là pour l’entendre ! » Et bien pour le pot de départ c’est un peu la même chose, même si nous sommes là pour l’entendre, cette reconnaissance ne sera pas pour autant source d’engagement et de motivation pour l’organisation que nous nous apprêtons à quitter !

Au delà de ne pas être faite trop tard, cette reconnaissance formelle doit être relayée par une reconnaissance informelle et authentique. Cette reconnaissance informelle peut être donnée dans le quotidien par le manager mais aussi par les pairs, par les membres de l’équipe, par les clients… Pour que la reconnaissance ait un impact positif et soit source de motivation et d’engagement, elle doit être authentique. Sans authenticité, la reconnaissance sera perçue comme manipulatrice.

 

La reconnaissance à offrir comme un cadeau

La reconnaissance appartient à tout le monde et nous en avons une quantité illimitée et inépuisable. Elle est un cadeau que nous pouvons offrir aux autres. De la même façon qu’un cadeau, l’ impact de la reconnaissance sera d’autant plus fort qu’elle sera désintéressée et non demandée. Comme un cadeau, la reconnaissance authentique fait autant plaisir à celui qui la reçoit, qu’à celui qui la donne. Celui qui donne de la reconnaissance dispose « d’un stock inépuisable de reconnaissance » et celui qui la reçoit ne se lassera jamais de la reconnaissance qu’il reçoit . Donc aucune crainte à avoir, il ne tombera pas dans une sorte de « routine de la reconnaissance » !

Alors allons y : on peut en donner autant que l’on veut de la reconnaissance ! Mais toujours avec authenticité et en sachant dire aussi ce qui ne va pas…